Quena
La quena (qina1 ou encore kkhéna2, en quechua), quéna, ou kena, est un instrument à vent de la famille des bois ; soit une flûte d'origine précolombienne dans les pays andins, largement utilisée dans la musique des Andes et plus généralement dans la musique sud-américaine et latine.
C'est une flûte verticale, droite, composée d'un tube unique creux et ouvert à ses deux extrémités ː l'extrémité supérieure comporte une encoche de forme variable, et le tube compte sur la moitié inférieure de sa longueur de 4 à 8 trous de jeux (le plus souvent 6 aujourd'hui) sur l'avant, dans l'alignement de l'encoche, et aussi généralement un trou à l'arrière pour le pouce3. On retrouve la même structure d'instrument dans de nombreuses parties du monde, de la Chine (Xiao) au Japon (Shakuhachi) et à l'Afrique centrale, en passant par les Balkans3 ; sans oublier4 la flûte Aula des grecs anciens5 (instrument à vent faisant partie des αὐλοί - auloï6 aux côtés de l'Aulos), ni le Khâlil moyen-oriental, flûte de roseau qu'on trouve dans la Bible (Isaïe, 30.29), appelée primitivement Ougâb (=chalumeau, voir ː Genèse, 4.21)7. « Cependant, nulle part ailleurs qu'au sein des civilisations andines la flûte à encoche n'a connu pareille faveur ni pareil accomplissement »4.
Rattachée à la famille des flûtes andines, elle est l'un des quatre modèles principaux de cette famille de flûtes, avec les diverses sortes de flûtes de Pan, flûtes à bec et flûtes traversières. La quena a la particularité de ne posséder aucun système rigide de guidage de l'air sur le biseau ː en l'absence de canal d'insufflation, donc, c'est le musicien qui doit diriger lui-même le pinceau d'air en l'orientant et en le concentrant de manière adéquate avec ses lèvres pour le briser sur l'encoche qui s'ouvre sur l'arête de l'orifice supérieur du tube de la kena (ou biseau). Ceci a pour effet de mettre en vibration la colonne d'air à l'intérieur du tube et de produire le son, vibration réverbérée qui entre en résonance amortie avec les fibres du roseau composant le tube, projetant l'onde sonore plutôt vers l'avant de l'instrument, et secondairement dans toutes les directions. C'est cette particularité de facture, d'abord l'encoche, puis les trous et le matériau, qui offre au quéniste une liberté de jeu importante et une souplesse expressive sans pareille, et produit le timbre si particulier, veloûté et riche en harmoniques, de l'instrument qui « diffère passablement du timbre des autres types de flûtes par sa chaleur et sa puissance4 ». Sa prise en main est néanmoins réputée difficile pour un débutant et bien que la quena soit droite, son jeu est très différent de celui des flûtes à bec et se rapproche davantage de celui des flûtes traversières. Le modèle standard muni de sept trous mesure entre 37 cm et 40 cm, est accordé en sol3 et permet de jouer sur un registre de trois octaves avec une échelle chromatique. La variante plus longue, généralement accordée en ré3, au son grave et "chaud", est appelée quenacho. À l'opposé, les modèles plus courts accordés du si4 au ré#4 produisent un son plus aigu et sont appelés quenali ou quenilla. Ces derniers se retrouvent traditionnellement plutôt dans les zones amazoniennes que dans les zones andines.