Castor d'Europe, Castor commun, Castor d'Eurasie
Le Castor d’Europe, Castor commun ou Castor d’Eurasie (Castor fiber L., jadis dénommé Bièvre) est une espèce de mammifères de la famille des Castoridae. C’est le plus grand des rongeurs aquatiques autochtones d’Eurasie et de l’hémisphère nord (d’apparence très proche de son cousin nord-américain).
Populations des deux espèces du castor en Europe, hors de la Russie, pour l’année 2003.
Castor d'Europe photographié dans la région de Tczew, au nord de la Pologne. Les populations nordiques ont un pelage généralement plus foncé qu’au sud.
Bien que malhabile hors de l'eau, le Castor d'Europe collecte de la nourriture jusqu'à 15-30 m de la berge, même en hiver (ici sur les bords de la Narewka à Bialowieza)
Quand il nage en surface, les narines, les yeux et les oreilles du Castor d'Europe restent émergés. Ses yeux très latéraux lui procurent un large champ de vision.
En été, outre des plantes aquatiques et palustres, le Castor d'Europe mange des herbacées et des fruits à proximité de l'eau. Ici, une mère et son petit (dans le Tayside en Écosse où le castor fait l'objet d'une réintroduction, préparée depuis 1995).
Le castor d'Europe passe beaucoup de temps à transporter des branches pour construire sa hutte ou son barrage ou provisionner sa nourriture d'hiver.
La marque la plus visible du castor est le barrage fait de bois et de terre qu'il construit parfois, pour maintenir l'eau à un niveau qui lui convient (ici dans le Parc national de Lahemaa en Estonie).
Son origine remonte à 54 millions d'années1 ; l’espèce Castor canadensis aurait divergé de l'espèce C. fiber il y a environ 7,5 millions d’années (différenciation lors de la colonisation de l'Amérique du Nord, peut-être par un groupe restreint de C. fiber1).
Dans presque toute l'Eurasie fraîche et tempérée, depuis au moins 5 millions d'années et jusqu'à il y a 10 000 ans environ, le Castor d'Europe a joué un rôle majeur dans la configuration des paysages et des écosystèmes et en particulier des hydrosystèmes de plaine alluviale2, mais aussi de moyenne et basse montagne3. Ses aménagements ont donné leur forme à de nombreuses forêts, ont sélectionné les arbres des zones humides (tous aptes à recéper), ont conditionné l'existence d'une grande partie des zones humides et des flores de berges. Il a eu une influence majeure sur la forme des cours d'eau (de la basse montagne aux estuaires où l'on peut encore trouver des traces fossiles d'avulsion et de barrages4,2), sur la constitution de certaines nappes, de nombreuses tourbières (puits de carbone majeur en zone subpolaire) et de chapelets de zones humides, notamment durant les trois précédentes périodes inter-glaciaires5 et durant le tardiglaciaire, au point qu'il faille reconsidérer une partie des données paléoenvironnementales et paléopaysagères traditionnellement attribuées aux changements climatiques et/ou à l'anthropisation durant l'âge de la pierre en Europe ; certains grands changements écopaysagers ne seraient simplement ni climatiques, ni d'origine humaine mais auraient comme source l'activité des populations de castors6,7,5. Il a joué ce rôle jusqu'à sa quasi-disparition à la fin du XIXe siècle. De la fin de la préhistoire au Moyen Âge, la destruction par l'humain des castors et de leurs infrastructures de barrages ont eu diverses conséquences écopaysagères négatives5.
Après avoir failli disparaître, Castor fiber a été classé espèce protégée dans plusieurs pays (dont francophones européens : Belgique, Suisse, Luxembourg et France8) puis inscrit à l'annexe II de la directive Habitat, lui permettant de commencer à reconquérir9 une partie de ses habitats (cours d'eau, zones humides tourbeuses, lacs, étangs d'Europe et d'Asie)10. Il reste néanmoins vulnérable en raison d'un récent effondrement de sa diversité génétique.
Cette « espèce-ingénieur » 11,12,13,14 des écosystèmes est aussi une «espèce-clé» et facilitatrice13,15 en raison de sa capacité à retenir l'eau par ses barrages et à accroître la biodiversité en complexifiant16 et en ouvrant certaines parties des ripisylves17 ». Il a fait l'objet de nombreuses opérations de réintroduction. Capable de régénérer ou d'augmenter la diversité des espèces localement18 et à des « échelles paysagères »12, il est considéré comme un « auxiliaire » de la renaturation et « revitalisation »19 des cours d'eau, nécessaire à la restauration écologique et à la vie sauvage des cours d'eau20,21,